Bonjour, je suis Jurek Kuczkiewicz, chef du service Monde du journal Le Soir et je couvre l'Union européenne.
La session extraordinaire de la Chambre ds Communes vient de démarrer. Boris Johnson présente son accord de sortie qu'il vient de conclure avec l'UE
Avant cela, le "speaker" des Communes John Bercow a annoncé quels amendements il a sélectionné. (C'est la prérogative du speaker que de choisir parmi les amendements déposés ceux qui seront soumis au vote.) Et sans surprise, il a accepté de soumettre l'amendement déposé par le député Oliver Letwin. Celui-ci obligerait à repousser le vote sur l'accord après le vote de tous les textes législatifs mettant en oeuvre la sortie de l'UE. Ce qui impliquerait que Johnson devrzait dès aujourdh'hui demander un report du Brexit.
Si l'amendement Letwin est adopté aujourd'hui le gouvernement Johnson essaiera de faire voter d'un coup toutes les législations de mise en oeuvre ET le vote d'assentiment mardi prochain.
Johnson argumente pour l'instant à l'adresse des unionistes nord-irlandais: l'Irlande du Nord aura la possibilité de révoquer son régime spécial d'alignement sur l'UE quatre ans après la sortie effective de l'UE.
"Personne dans cette assemblée ne croit (en la perspective) d'abaisser les normes" dit Johnson. C'est l'argument à l'adresse des travaillistes, dont certains hésitants, susceptibles de voter pour l'accord, veulent des garanties supplémentaires que le gouvernement britannique ne profitera pas de la sortie de l'UE pour abaisser les normes sociales, environnementales, de santé, etc.
"Notre système de santé ne sera pas sur la table" (cad. à vendre), dit encore Johnson. C'est un autre argument à l'intention des travaillistes, qui soupçonnent les conservateurs que dans un accord commercial qui sera un jour négocié par le Royaume-Uni avec les Etats-Unis, le système de santé sera soumis à concurrence, et donc "mangé" par les Américains...
Johnson évoque "le désir incandescent des gens à voir le Brexit réalisé"...
"Pourquoi un nouveau délai alors qu'il y a un fantastique accord sur la table" .. qui "exauce le voeu de la majorité". "Allons-y , pour un accord qui réunira le pays", et renouvellera la confiance du public en notre démocratie" dit Johnson
"Et je recommande cet accord à la Chambre", conclut Boris Johnson.
Le leader travailliste Jeremy Corbyn prend la parole.
Le PM présente un accord encore pire que le précédent, dit Corbyn. Et il nous le présente sans avis juridique et sans étude d'impact économique."
"On ne peut faire confiance à ce gouvernement" poursuit Corbyn
"Emplois, des travailleurs et climat sont mis en danger par cet accord" dit Corbyn, leader travailliste
Corbyn: "Des milliers d'emplois dépendent d'un secteur manufacturier fort, et pour cela, ce secteur a besoin d'un grand marché pour écouler ses produits"
Et Corbyn ressort le très attendu "poulet au chlore", emblème de l'abaissement redouté des normes de protection des consommateurs...
Corbyn : "Cet accord serait un désastre pour les travailleurs"
Les différences réglementaires entre le Royaume-Uni et l'UE généreront ds coûts supplémentaires pour nos entreprises" poursuit Jeremy Corbyn. Cet accord devrait être rejeté aujourd'hui par cette Chambre
Corbyn: "Je comprends la lassitude du pays, mais nous ne pouvons voter en faveur de cet accord qui est encore pire que le précédent. Nous ne serons pas soutenus si nous rendons la vie de nos électeurs plus difficile." Le leader travailliste met en cause la "course vers le fond", autre expression emblématique dans le langage politique britannique des derniers mois, pour désigner la dérégulation et l'abaissement des normes...
"Je suggère à cette assemblée d'ignorer la plaidoirie de l'honorable gentleman, et de voter pour l'accord" conclut Johnson
Kenneth Clarke, un sage du parti conservateur et ex-ministre de Thatcher: "Ces 50 dernières années le parti conservateur et ses Premiers ministres ont assuré à notre pays une voix dans l'UE et un marché pour nos produits"
Johnson: "Je peux assurer à mon collègue Clarke que nous nous assurerons par le futur traité commercial avec l'UE que nous aurons un accès avec 0 droits de douane au marché européen"
Ian Blackford, chef de groupe du Scottish National Party (indépendantiste), évidemment opposé au Brexit: "Le Premier ministre et les siens ne se soucient aucunement de l'Ecosse, et l'ont laissée tomber. "
Johnson répond à Jo Swinson, leader des libéraux-démocrates: "Ce n'est pas comme vous dites: l'accord renforcera les droits des travailleurs"
Cfr. tweet précédent: Marion Lhour est notre excellente correspondante à Londres.
Nigel Dodds, chef du groupe du parti unioniste nord-irlandais DUP théoriquement dans la coalition du gouvernement, énumère tous leurs arguments contre l'accord.
Nigel Dodds à Johnson: "Réfléchissez à votre promesse que nous devons quitter l'UE en tant que nation unie"
Johnson répond à l'unioniste nord-irlandais Dodds: "Je trouverais dommage qu'une partie (du pays) dispose d'un veto sur cet accord. Les citoyens ont pris une décision pour les quatre nations de notre Royaume"
La députée travailliste Angela Eagle demande à Johnson qui croira jamais à une seule de ses promesses après qu'il ait donné son accord à une frontirèe en mer d'Irlande alors qu'il était allé au congrès du parti DUP pour dire qu'il ne l'accepterait jamais. "Il n'y aura pas de frontière sur la mer d'Irlande. Il y aura quelques contrôles, oui, mais pas de droits de douane...", répond Johnson. Il joue sur les mots, évidemment... Il y aura bien une frontière de fait.
Liz Saville, députée du parti nationaliste gallois Plaid Cymru: "Comment le Plaid Cymru pourrait soutenir ce Brexit de milliardaires?" Johnson lui répond que le Pays de Galles a voté majoritairement pour le Brexit en 2016. Ce qui est exact.
Contrairement à son habitude qui correspond à un penchant naturel, Boris Johnson reste très respectueux, poli, et modéré dans ses réponses...