Bonjour à tous.

kalimera

Par instabilité politique vous voulez dire la démission du gouvernement Tsipras, suite à la défection d'une partie des députés de son parti et au besoin des votes de l'opposition pour voter le programme de réformes exigé par les créanciers en échange des nouveaux prêts. Cette démission était en réalité attendue puisque les créanciers et la BCE ont forcé le gouvernement grec, en restreignant le financement des banques grecques, en rendant des contrôles de capitaux nécessaires et en menançant la Grèce d'une expulsion de facto de la zone euro, ont forcé le gouvernement frec à agir en opposition à son programme électoral. C'est une instabilité voulue par les créanciers qui n'ont jamais caché vouloir substituer au gouvernement actuel un gouvernement plus en phases avec les opinions de la Troïka

L'absence de révolte du peuple grec est une manifestation de résignation, après tout ce qu'il a déjà subi. Surtout, et c'est une contradiction majeure, le peuple grec a montré par les élections et puis le résultat du référendum qu'il veut un relâchement de l'austérité, mais en m^me temps tous les sondages montrent qu'il veut garder l'euro ! Or les créanciers ont clairement indiqué que pour garder l'euro, il faut accepter l'austérité ! Les grecs ont peur que retourner çà une monnaie nationale qui dévaluerait par rapport à l'euro renchérisse les prix des biens importés et les appauvrisse encore davantage, à court terme. Dès le moment ou le peuple veut garder l'euro, il doit se résigner à accepter les conditions d'austérité imposées par les créanciers !

Il faudra énormément de temps pour que la Grèce se redresse économiquement. En effet sa structure économique est telle qu'elle n'aurait jamais du entrer dans la zone euro, et cette monnaie trop forte pour elle, sans possibilité de dévaluer par rapport aux autres pays européens qui ont également l'euro, va continuer à nuire à son économie. La base industrielle de la Grèce est très réduite et donc m^me après les baisses de salaires et la flexibilisation du marché du travail, le regain de compétitivité obtenu est peu utile aussi longtemps qu'il y a si peu à exporter ! Il faudrait de gros investissements pour construire à partir de rien tout un secteur de production de biens et services exportables. Or la récession qui va continuer à cause des nouvelles mesures d'austérité va encore décourager les investissements privés qui sont déjà au plus bas !

Le résultat des élections est très incertain, maintenant que l'aile gauche de Syriza a annoncé ce matin qu'elle s'en séparait pour former un nouveau parti de gauche, Union Populaire. Il va donc y avoir un émiettement des voix critiques à l'égard de la politique d'austérité imposée depuis des années. De toute manière, le message à peine voilé des partenaires européens à la Grèce est que des élections ne servent pas à grand chose dans un pays qui est sous programme d'assistance, puisqu'il est obligé d'appliquer le programme dicté par les créanciers, quel que soit le résultat des élections.

Il y a deux écoles de pensée à propos de la contagion possible d'un abandon de l'euro par la Grèce. Les optimistes disent qu'on est plus en 2010 ou 2012, car maintenant on a des instruments efficaces dans la zone euro: le programme potentiel OMT de la BCE pour empêcher les taux d'intérêt d'autres pays de s'envoler en cas d'attaque spéculative, l'Union bancaire pour assister des banques en difficultés suite à des troubles sur les marchés financiers, le MES qui a une capacité inutilisée de prêt de plusieurs centaines de milliards pour soutenir des pays fragilisés, et m^me la politique actuelle de QE par la BCE qui tore vers le bas les taux d'intérêt payés par les pays surendettés. Toutefois les pessimistes disent que tout cela ne suffirait pas à éviter des problèmes de contagion aux pays surendettés de la zone euro en cas'abandon de l'euro par la Grèce. D'après eux cet événement montrerait que contrairement à ce qui a été proclamé depuis le début, l'euro est réversible ! Dès lors les marchés épierait en permanence quel est le prochain pays susceptible d'abandonner l'euro, et exigeraient des taux d'intérêts plus élevés de tous les pays très endettés de la zone euro, pour se couvrir contre une conversion éventuelle de leurs dettes en nouvelles monnaies nationales dévaluées. cela pourrait conduire d'autres pays à abandonner effectivement l'euro.

Avec tous ses taux variables et l'absence d'une harmonie fiscale, l'euro n'est-elle pas une monnaie "incomplète"?

Qu'on l'approuve ou qu'on le réprouve, on peut dire effectivement que c'est le cas: la Grèce est en état de sujétion à ses créanciers qui lui dictent sa politique économique.

Déjà avant le lancement de l'euro, pendant qu'on le préparait, de très nombreux économistes, aux Etats Unis et en Europe, ont mis en garde contre le caractère bancal et incomplet de l'Union Monétaire telle qu'on la construisait. En particulier il est très difficile qu'une union monétaire fonction sans fédéralisme fiscal, sans une dette publique commune, sans mécanismes de solidarité automatique entre les pays concernés. Tout ce qui est arrivé avec la crise a simplement confirmé ce que les économistes compétents avaient annoncé dès le départ.

Comment expliquer la démission de Tsipras ?

La Wallonie doit être très attentive à ce qui se passe , effectivement, car si elle était un pays indépendant dans la zone euro, elle aurait des problèmes similaires à ceux de la Grèce. Sa structure économique est beaucoup trop faible. Ce sont les transferts en provenance des autres régions du pays qui assurent la viabilité économique relative de la Wallonie.

L'euro fut organisé par des riches, pour les riches. Sa fin est proche. Les individus ne sont pas disposé à poser la tête sur le billot.

En ce qui concerne les armateurs, il bénéficient effectivement d'avantages fiscaux très importants. Mais la vérité est c'est indispensable pour les garder en Grèce et éviter leur délocalisation dans d'autres pays prêts à les accueillir ! C'est une conséquence d'une économie mondialisée et des accords de libre échange internationaux: les secteurs facilement délocalisables ne peuvent être gardés qu'aux prix de concessions fiscales. Voyez en Belgique avec le secteur du diamant, si on veut le garder chez nous.