Guerre en Ukraine: les dernières informations

Les tensions le long de la frontière ukrainienne ont augmenté ces derniers jours. Suivez l'évolution en direct.

    Sommet de l’Otan sur l’invasion de l’Ukraine vendredi en visioconférence
    Les dirigeants des pays de l’Otan vont se réunir vendredi pour un sommet en visioconférence, selon des sources diplomatiques, tandis que l’Alliance s’est dite prête jeudi à déployer des moyens supplémentaires pour assurer sa défense après l’attaque de la Russie contre l’Ukraine.

    «Des forces terrestres et aériennes défensives supplémentaires vont être déployées dans la partie orientale de l’Alliance, ainsi que des moyens maritimes supplémentaires», a précisé un diplomate à l’AFP.

    L’opération militaire russe en Ukraine durera le temps nécessaire indique le Kremlin 
    Le Kremlin a indiqué jeudi que l’opération militaire contre l’Ukraine durerait le temps nécessaire, en fonction de ses «résultats» et sa «pertinence», estimant que les Russes soutiendraient une telle offensive.

    Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a aussi affirmé aux journalistes que Moscou avait pour objectif l’imposition d’un «statut neutre» à l’Ukraine, sa démilitarisation et l’élimination des «nazis» qui selon lui se trouvent dans le pays.

    L’Otan appelle la Russie à retirer ses troupes et renforce sa présence sur le flanc Est
    L’Otan a déployé des forces terrestres et aériennes défensives supplémentaires dans la partie orientale du territoire de l’Alliance, ainsi que des moyens maritimes supplémentaires, d’après une déclaration commune des pays alliés au terme du Conseil extraordinaire de l’atlantique nord sur l’attaque de l’Ukraine par la Russie. «Nous avons relevé le niveau de préparation de nos forces pour répondre à toute éventualité», d’après les alliés.
    L’Otan appelle «la Russie à mettre immédiatement un terme à son action militaire et à retirer toutes ses forces de l’Ukraine et des alentours, à respecter pleinement le droit international humanitaire, et à permettre un accès en toute sécurité et sans entrave à l’aide humanitaire pour toutes les personnes qui en ont besoin.»
     
    L’invasion russe «remet en cause la paix» en Europe

    L’invasion russe de l’Ukraine «met en danger la vie d’innombrables innocents» et «remet en cause la paix» en Europe, a estimé jeudi Olaf Scholz.

    «Le président russe enfreint une fois de plus de manière flagrante le droit international», a dénoncé dans une déclaration à la presse le chancelier allemand, pour qui «rien ne peut justifier tout cela».

    «C’est la guerre de Poutine», a martelé le dirigeant allemand qui a convoqué les députés allemands en session extraordinaire dimanche.

    «Poutine apporte ainsi la souffrance et la destruction à ses voisins directs, il viole la souveraineté et les frontières de l’Ukraine, il met en danger la vie d’innombrables innocents en Ukraine et en fin de compte, il remet en cause la paix sur notre continent», a fustigé le successeur d’Angela Merkel.

    «En tant que président du G7, je m’engagerai cet après-midi, lors d’une vidéoconférence des chefs d’Etat et de gouvernement du G7, en faveur d’une réaction uniforme et claire», a-t-il prévenu, promettant de «nouvelles sanctions sévères» contre Moscou. 

    «Nous verrons que Poutine a commis une grave erreur avec sa guerre», a-t-il asséné, demandant à la Russie de «stopper immédiatement l’attaque militaire et le bain de sang».

    L’opération militaire russe en Ukraine durera le temps nécessaire

     
    Le calendrier de l’opération militaire russe en Ukraine sera défini par le président Vladimir Poutine, a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
    L’opération durera le temps nécessaire, en fonction de ses «résultats» et sa «pertinence», a ajouté le Kremlin, estimant que les Russes soutiendraient une telle offensive.
    Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a aussi affirmé aux journalistes que Moscou avait pour objectif l’imposition d’un «statut neutre» à l’Ukraine, sa démilitarisation et l’élimination des «nazis» qui selon lui se trouvent dans le pays.
     
    La Flandre suspend toute licence d’exportation de matériel sensible vers la Russie

    La Flandre a suspendu avec effet immédiat toutes les licences d’exportation vers la Russie qui valent actuellement pour du matériel considéré comme sensible. Le ministre-président flamand Jan Jambon l’a annoncé jeudi en fin de matinée.

    Cette interruption temporaire, qui sera évaluée au jour le jour en fonction de l’évolution des évènements selon M. Jambon, vaut pour toutes les livraisons ayant pour destination finale la Russie et qui sont soumises à autorisation. Cela concerne donc surtout les biens à double usage, des produits qui «peuvent être utilisés pour de la production, du développement ou de l’entretien en lien avec des activités de défense», précise Jan Jambon.

    Le Soir a invité Aude Merlin a répondre à vos questions. Chargée de cours en science politique et spécialiste de la Russie et du Caucase à l’ULB, elle reviendra sur la situation en Ukraine dès 14H, en direct.

    N'hésitez pas à poser vos questions en commentaires, on va les relayer dans une heure. 

    Deux cargos privés russes touchés par un missile ukrainien en mer d’Azov

    Deux cargos privés russes présents en mer d’Azov ont été touchés par un missile tiré depuis la ville ukrainienne de Marioupol, a déclaré jeudi le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie (FSB).

    Conflit en Ukraine : percée des forces russes dans la région de Kiev
    Ukraine: percée des forces russes dans la région de Kiev 

    Des forces russes ont pénétré dans la région de Kiev depuis le Bélarus pour mener une attaque avec des missiles Grad sur des cibles militaires, ont annoncé jeudi les gardes-frontières ukrainiens dans un communiqué.
    Une journaliste de l’AFP a constaté la présence de plusieurs hélicoptères non identifiés volant en groupe à basse altitude dans la banlieue de Kiev, la capitale ukrainienne.
     
    Boris Johnson qualifie Vladimir Poutine de «dictateur»
    L’ONU redoute des conséquences humanitaires «dévastatrices"

     
    L’ONU redoute des conséquences humanitaires «dévastatrices» pour les populations. Le Haut commissaire pour les réfugiés Filippo Grandi a appelé jeudi à Genève à épargner les civils et les infrastructures civiles.
    «Des personnes commencent à fuir leur habitation», affirme-t-il dans une déclaration. Le HCR oeuvre avec les autorités, l’ONU et d’autres partenaires en Ukraine pour une assistance humanitaire.
    Mais la sécurité et l’accès pour les efforts humanitaires «doivent être garantis», a également ajouté M. Grandi. L’agence onusienne travaille aussi avec les gouvernements des pays voisins, leur demandant de laisser les frontières ouvertes pour les réfugiés. Elle a étendu son dispositif dans la région.
     
    Posez vos questions sur l'Ukraine 
    Le Soir a invité Aude Merlin a répondre à vos questions. Chargée de cours en science politique et spécialiste de la Russie et du Caucase à l’ULB, elle reviendra sur la situation en Ukraine dès 14H, en direct.

    N'hésitez pas à relayer vos questions rapidement, la liste est rédigée pour le moment. 

    Un avion militaire ukrainien vient de s'écraser près de Kiev avec 14 personnes à bord 
    Emmanuel Macron assure que cet «acte de guerre» aura «des conséquences profondes, durables sur nos vies»
    Vos questions en direct
    Aude Merlin chargée de cours en science politique et spécialiste de la Russie et du Caucase à l’ULB, vient d'arriver à la rédaction. 
    Posez lui vos questions en commentaires
    Posez vos questions sur l'Ukraine 
    Le Soir a invité Aude Merlin pour répondre à vos questions. Chargée de cours en science politique et spécialiste de la Russie et du Caucase à l’ULB, elle reviendra sur la situation en Ukraine dès maintenant.
    par Gil Durand (Le Soir) édité par Le Soir 2/24/2022 12:58:55 PM
    Bonjour et encore merci pour ce live. Comment l'Ukraine est-elle soutenue militairement par les autres pays et organisations internationales ?

    -Benja
    Comment la russie a-t-elle pu être si rapidement aux portes de Kiev?

    -Fanny
    Bonjour,

    Ayant beaucoup suivi les évènements lors de ces dernières semaines, j'ai observé que beaucoup d'experts universitaires estimaient très peu probable une invasion russe de l'Ukraine, encore moins au delà des frontières des territoires séparatistes à cause des coûts probables (à l'opposé de nombreux intervenants politiques ou de journalistes).

    Dès lors, comment expliquer selon vous ce choix de la Russie ? Peut-on considérer que les USA et UE n'ont pas entrouvert la moindre porte diplomatique, ce qui aurait "forcé" Poutine à se dédire ou à agir ?

    -Heerkonige
    Une opération de grande ampleur au lendemain des sanctions internationales, peut-on dire que Poutine s'en fout des sanctions? Y a-t-il un vrai effet de ces sanctions?

    -Sandrine
     Chère Sandrine, en effet on peut dire que les autorités russes ne sont pas franchement sensibles aux sanctions telles qu'elles sont pour le moment édictées. Dans son style bien personnel, M. Tatarintsev, ambassadeur de Russie en Suède l'a dit très clairement "on s'en fout des sanctions". Leur effet est pour le moment très modéré. Si les sanctions montent d'un cran sérieux (privation du code SWIFT, arrêt ferme du Nord Stream), cela pourrait avoir plus d'impact, peut être.
    Doit-on craindre une extension du conflit et par exemple une frappe de Bruxelles qui est le siège de L'UE ? Doit-on déjà envisager de quitter L'Europe?

    -Une personne inquiète
    Chère "Personne inquiète", je ne pense pas à ce stade qu'il faille craindre une frappe sur Bruxelles. Je comprends vos inquiétudes car nous sommes entrés dans une nouvelle configuration depuis cette nuit, mais précisément, je crois que la Russie ne se risquerait pas à attaquer une ville qui se trouve être le siège de... l'OTAN.
    Question directe mais, au vu de toutes les réactions: Poutine est-il fou? A-t-il une chance de réussir ou va-t-il couler la Russie avec ses délires?

    -Martine
    Chère Martine, 
    En effet je crois que M. Poutine se trompe de "combat" : en tant que Président, au passage "garant des droits et libertés des citoyens de la Fédération de Russie", et dirigeant du plus grand pays du monde, il me semble que sa mission serait plutôt de penser à ses concitoyens, et non d'en envoyer une partie sur un front militaire. Svetlana Alexievitch écrivait dans les années 1980 Les cercueils de zinc. Je crains que des cercueils de zinc chargés de corps de militaires russes ne soient rapatriés vers la Russie. Est il fou, je ne sais pas, mais l'emballement dans lequel il engage son pays, son peuple, et le peuple ukrainien, est un engrenage très dangereux.
    Les pauvres Ukrainiens. Qui peut vraiment résister à l'armée russe ? Est-ce que les soldats ukrainiens peuvent faire le poids ?

    -Amina
    Est-ce que la Russie a les moyens d'envahir "militairement" l'Ukraine ou d'autres pays? Peuvent-ils réellement gagner sur le terrain?

    -Arthur
     
    Bonjour Amina et Arthur, les deux armées, russe et ukrainienne se sont fortement modernisées ces dernières années. L'armée russe a fait un bond gigantesque (cf le nouveau livre d'Isabelle Facon) depuis 2008, l'armée ukrainienne depuis 2014. Les experts militaires disent que pour envahir toute l'Ukraine il faudrait 500 000 hommes russes sur le territoire ukrainien. Une chose est d'attaquer, une autre est de tenir un pays. La motivation des Ukrainiens est très grande, et des bataillons volontaires existent en parallèle. L'opinion publique russe n'est pas fortement euphorique en soutien à cette campagne militaire, cela peut aussi, peut être, jouer un rôle.
    Peut-on dire qu'on est "en guerre"?

    -Pauline
    Bonjour Pauline, 
    Tout dépend qui se trouve derrière ce "on" : l'Ukraine, oui. La Russie, oui.
    Si le "on" est plus large, je pense qu'il faut rester très prudents. Nous ne sommes pas en guerre ici. Les démocraties tentent toujours de privilégier la diplomatie et vont continuer à le faire.
    Les USA avaient prévenu, est-ce qu’on ne les a pas écoutés ? aurait-on pu faire quelque chose pour éviter ça ?

    -Francesca
     Bonjour Francesca, il y a eu une étrange succession narrative. Le "storytelling" des Etats-Unis a pu paraître ambivalent, au point que l'on ne savait pas s'il se jouait une partie de poker menteur et de bluff, avec une utilisation de cette rhétorique pour tester et convertir ensuite l'issue du bluff en marchandages dans les négociations, ou si c'était réel. Pour éviter cela, il aurait sans doute fallu que les élites occidentales aient vraiment conscience de ce que représente l'Ukraine en terme de point de fixation entre deux modèles de sociétés. Je crois que les démocraties ont vraiment fait ce qu'elles ont pu pour privilégier la diplomatie. Mais elles n'ont sans doute pas tout fait pour protéger l'Ukraine ni aider les forces démocratiques en Russie qui sont totalement marginalisées, quand elles ne sont pas emprisonnées, voire assassinées (cf l'opposant B. Nemtsov en 2015). Est ce qu'un horizon ferme d'adhésion de l'Ukraine à l'UE aurait pu jouer dans ce contexte ? Peut être.
    Poutine risque-t-il, à un moment, de perdre le soutien de la population russe ? l’a-t-il d’ailleurs ?

    -Stefaan
    Bonjour Stefaan, 
    Dans un régime autoritaire, il est très compliqué de savoir exactement ce que pense l'opinion publique. Mais ce que l'on parvient à identifier, c'est que contrairement à l'élixir puissant en termes d'adhésion patriotique qu'a été pour la population russe l'annexion de la Crimée en 2014, cette fois-ci, la population russe est mitigée. Elle soutient mollement, et je pense même qu'elle a peur. Les Russes ont perdu des milliers d'hommes en Tchétchénie au cours des deux guerres (1994-1996 ; 1999-2009) ; la population russe n'est pas hostile à la population ukrainienne. Cela dit, il est très difficile d'exprimer son opinion aujourd'hui en Russie. Les manifestants qui sortent dans la rue sous forme de "piquets isolés" pour dire non à la guerre se font arrêter immédiatement. Et le pouvoir n'est que peu influençable par l'opinion publique.
    Est-ce que c’est une guerre qui pourrait être très meurtrière ?

    -Guillaume
     Bonjour Guillaume, oui, hélas.
    On ne sait pas combien de temps elle va durer. Si les efforts pour la stopper portent leurs fruits, les pertes pourraient être limitées. Sinon, les estimations sont effroyables. J'ai la chair de poule à l'idée de redire ici les chiffres qui ont été évoqués, sous forme de projection. On ne peut exclure des milliers de morts si les opérations continuaient et s'emballaient... Je rappelle que la guerre en Ukraine, qui est à l'oeuvre depuis 2014, ne l'oublions pas, a fait plus de 14 000 morts. Et depuis cette nuit, on compte déjà plusieurs dizaines de morts. 
    Plus sérieusement , même si je pense que la Russie n'a pas les moyens économiques de développer une guerre , je crains plus la Chine qui est actuellement tapie , presque silencieuse , à observer les capacités de réaction des États Unis

    -Le belge
    Bonjour "Le belge", 
    Les priorités de l'administration Biden qui se focalise sur la Chine font écho à votre post. La Russie est économiquement est une puissance très paradoxale : de fortes ressources hydrocarbures, de fortes ressources militaires, mais une économie productive très inégale. Les autorités chinoises sont très prudentes. Vous aurez noté qu'elles ne soutiennent pas la Russie dans la reconnaissance des indépendances de la LNR / DNR (ni de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud en 2008). La Chine est une puissance économique bien plus grande que la Russie comme vous le savez. Et son régime est un régime autoritaire très répressif. Les démocraties sont souvent démunies tant face à la Russie que face à la Chine. Les deux méritent une attention appuyée et l'élaboration de stratégies bien pensées.
    Merci beaucoup de répondre à nos questions, Mme Merlin !!!!!
    Comment peut-on faire changer d'avis Poutine? des sanctions trop fortes cela se retournerait également contre l'Europe et serait difficilement tenable sur le long terme pour nos économies et nos sociétés (beaucoup moins résilientes que la population russe)?

    -Japhy
    Fou ou pas fou > Qui peut raisonner Poutine?

    -Cécile
     
     Faire changer d'avis Poutine, bien malin qui peut savoir comment faire. L'Ukraine a une dimension obsessionnelle chez lui. Il ne peut se résoudre au fait qu'un Etat indépendant ukrainien ait vu le jour. Nul ne sait ce qui se serait passé si les exigences posées par M. Poutine en décembre 2021 avaient rencontré l'assentiment de l'OTAN et des USA. Pour M. Poutine, l'UE n'existe pas. Tant qu'elle n'a pas de politique de défense, ce qui pourrait être dissuasif, elle n'est pas prise au sérieux par M. Poutine. En 2014, certains analystes disaient : "la Russie est l'otage de M. Poutine. M. Poutine est l'otage des décisions qu'il a prises". Je crois qu'il veut laisser une trace, et pour lui l'émancipation de l'Ukraine est impensable, insupportable.
    Poutine a envahi l'Ukraine, ça y est ! Est-ce qu'il va aller jusqu'en Pologne ?

    -Christine
    Bonjour Christine, 
    Nous chercheurs, nous ne pouvons jamais faire de pronostics et "prévoir" ce qui va se passer. Nous pouvons seulement énumérer différents scénarios. La Pologne est dans l'OTAN. Donc dans le cas que vous évoquez, l'article 5 des statuts de l'OTAN serait activé et la réaction des Etats membres de l'OTAN serait mise en oeuvre.
    Le Premier ministre a pris la parole ce jeudi après-midi à la Chambre. Le compte-rendu de son discours est à découvrir ci-dessous. 
    Qu'est-ce qui a déclenché cette opération? Pourquoi maintenant?

    -Michel
    Bonjour Michel, 
    Ce qui a déclenché cette opération, c'est une succession d'événements depuis de nombreuses années. Et, notamment, le fait que d'une part, une part du peuple ukrainien ait souhaité, par l'exercice de ses droits de citoyens, exprimer son souhait : voir son pays être un peu plus régi par l'Etat de droit et un peu moins par la corruption. En d'autres mots, se rapprocher des valeurs européennes, et non pas suivre un chemin qui se rapprocherait du "modèle russe", à savoir un pays autoritaire où l'Etat de droit est mis à mal. Nous pourrions développer pendant des pages ce qui a conduit à cette opération. Plus directement, pourquoi maintenant : il y a sans doute une part d'opportunité pour M. Poutine : la nouvelle administration Biden, le nouveau chancelier allemand, les présidentielles en France. Et aussi, un calcul, peut être sur le fait que l'Ukraine continuant à moderniser son armée, c'était le moment pour l'armée russe avant que l'Ukraine se consolide davantage. Il y a aussi le calendrier interne russe et l'échéance de 2024, avec en Russie même, une érosion de l'adhésion de la population.
    J'ai entendu ce matin à la radio que c'était le plus grand conflit en Europe depuis la 2e guerre mondiale, est-ce vrai?

    -Valérie
    Bonjour Valérie, 
    Attention, sous le choc de la nouvelle, certains observateurs utilisent des superlatifs. Que veut dire le plus grand conflit ? En ex Yougoslavie, en Tchétchénie, dans les Grands lacs en Afrique, en Erythrée, au Yémen il y a eu des guerres très meurtrières, effroyables et qui ont fait plus de morts qu'en Ukraine qui est en guerre depuis 2014. Sous cette formule je crois qu'il y a l'effroi et la conscience que cette déflagration concerne tout le continent européen. D'où cette formule, mais que je trouve abusive. "cf la phrase de Camus "mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde".
    De nombreux Ukrainiens cherchent à fuir la ligne de front 
    A quel point ce début de guerre s'explique par un conflit sur les matières premières et l'énergie? Est-ce que l'Europe peut se passer du gaz russe (et opter pour le gaz américain, ou canadien, généreusement proposé par ceux-ci)? Et est-ce que la Russie agit au regard des principaux pipelines qui passent, précisément, par l'Ukraine?

    -Nicolas
     Bonjour Nicolas,
    La guerre est en cours en Ukraine depuis 2014 (plus de 14 000 morts), mais cette nuit elle a pris une dimension et une ampleur inédites. On peut avoir une lecture géoéconomique. Le gaz joue un rôle au sens mais je dirais plutôt en "aval" qu'en amont. C'est plus la question géopolitique de l'architecture de sécurité qui est en jeu avec d'un côté la volonté de l'Ukraine de s'émanciper, la peur sécuritaire qu'ont les Ukrainiens depuis l'annexion de la Crimée et le début de la guerre dans le Donbass, et d'un autre côté le refus des autorités russes d'accepter cette "décolonisation". Concernant les approvisionnements, l'UE peut diversifier ses sources, elle le fait en partie, mais cela ne peut s'opérer du jour au lendemain. l'Algérie, la Norvège, le gaz de schiste américain sont des options qui peuvent en partie compenser une réduction des importations de gaz russe. Les alternatives également. Le Nord Stream est un gazoduc russo-allemand qui contourne l'Ukraine, et prive cette dernière des rétributions qu'elle aurait pu ponctionner pour le transit.En ce sens, la Russie a déjà anticipé pour affaiblir l'Ukraine.
    Ne serait-il pas raisonnable que le Président Ukrainien, les Américains et les Européens acceptent que l’Ukraine soit une zone neutre démilitarisée ? Les représentants de ces états semblent avoir admis qu’une guerre s’installe en prenant le risque que la situation dérape. Poutine maîtrise-t-il toute la situation ?

    -corine
    pouvons nous esperer que la diplomatie gagne ou tout l'inverse que Poutine est lance dans une guerre sans merci face au monde?

    -Dimitri
     
    Bonjour Dimitri et Corine, 
    Comme vous le dites il faut que la raison triomphe pour éviter ces atroces pertes humaines. Il ne faut pas oublier que la volonté de l'Ukraine de porter sa candidature à l'OTAN est directement liée aux menaces qui pèsent sur sa sécurité. Avant 2013, 20 % seulement des Ukrainiens disaient vouloir voir leur pays intégrer à terme l'OTAN. Après l'annexion de la Crimée (18 mars 2014) et le début de la guerre dans le Donbass (avril 2014), la part de la population ukrainienne souhaitant voir l'Ukraine à terme dans l'OTAN a augmenté jusqu'à plus de 60 % aujourd'hui (avant cette nuit, je n'ai pas de chiffres depuis cette nuit). Le scénario d'une forme de "finlandisation" a été évoqué par certains experts. En tout cas, il faut trouver une solution qui garantirait à la fois la souveraineté et la survie de l'Ukraine comme État indépendant et qui permettrait à la Russie de sortir la tête haute, de retirer ses troupes, et aux autorités russes de revenir à la raison. Rappelons que l'OTAN ne menace pas l'intégrité territoriale de la Russie, qu'il y a un partenariat OTAN-Russie depuis 1994, que l'Acte fondateur OTAN-Russie de 1997 a précédé l'intégration de la Pologne, de la Répulbique tchèque et de la Hongrie, que M. Eltsine était présent lors des cérémonies d'adhésion de ses 3 États. Et que dans les années 1990, les autorités russes n'excluaient pas que la Russie rejoigne elle même la communauté euroatlantique.
    La Russie dit avoir détruit 74 installations militaires, dont 11 aérodromes
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